Historique du Musée



Historique des collections du Musée de Saint-Didier

L'évocation des travaux agricoles a d'emblée constitué le fondement du musée et Georges Dubouchet, muséologue auto-proclamé, s'efforça de rassembler le matériel susceptible d'incarner les sociétés pré-industrielles du Massif Central en commençant, comme il se doit pour un spécialiste du cercle, par la roue. C'est ainsi que les chars les plus improbables furent découverts au prix de mille et une recherches (char à roues " brutes ", char à roues " pattues ", char à roues " gaougatos ", char à roues ferrées en plusieurs segments, fardiers à roues pleines, etc.) pour constituer une collection unique en France.
Dans le même ordre de " grandeur ", les grands pressoirs du XVIIIe ou du début du XIXe étaient collectés en fonction non seulement de leur provenance régionale mais aussi d'une certaine typologie (pressoir à " une vis ", à " deux vis ", à " écureuil ", à " fuseau ", à " treuil ", à " coin ", etc.).
L'accent était mis  sur la qualité des objets c'est-à-dire sur leur relative ancienneté, gage de la bonne foi des matériaux utilisés. Ainsi, les 7 ou 8 vannoirs  présentent  des engrenages en bois (tous différents) à l'exception de deux qui sont munis d'un engrenage en fer forgé pour l'un et d'un système à pédale pour l'autre. Les pièces rassemblées témoignent également d'une grande diversité. Ainsi, les différents systèmes de battage ou pré-battage sont évoqués grâce à la présence " matérielle " de " fléaux ", " lattes ", " claies " et autres systèmes.
Comme on l'imagine et sans parler des monumentaux pressoirs qui avaient déjà été confiés à d'autres associations et musées, le local en étage de Saint-Didier était, dès son ouverture de 1975, complètement rempli. Il fallut donc se résoudre à évacuer la trop encombrante agriculture pour faire place aux métiers. En effet, à cette époque, comme nombre de collectionneurs, Georges Dubouchet s'employa, dans l'ombre de Paul Feller qui exerçait alors un véritable magister dans la matière, à rassembler un maximum d'outils. Toutefois, à la différence de la plupart des collectionneurs " branchés ", le fondateur du Musée de Saint-Didier s'intéressait davantage à recueillir des " fonds complets " d'ateliers plutôt que des pièces dites d'art populaire. Néanmoins, la part purement " créative " et " imaginairement reconstitutive " était toujours présente dans la mesure où des pièces très récentes étaient souvent présentes dans ces ateliers. Pour Georges Dubouchet -et cette remarque est d'importance-  présenter ces ateliers dans l'état constituait une sorte de sacrilège en réduisant l'imaginaire et esthétique " muséologie " qu'il voulait promouvoir à une trop vulgaire " muséographie " qui, en l'occurrence, prenait les traits d'une très actuelle  " sociologie rurale ".
Par ailleurs, le fondateur du Musée de Saint-Didier, à l'instar de tout collectionneur qui se respecte, restait sensible aux " différences " affectant tel ou tel outil tout en donnant la part belle aux " bâtis " ou " bancs " de travail. C'est ainsi qu'une trentaine de " bancs de sabotier " étaient présentés ou plutôt entassés car, dans la seconde mouture du musée, le nombre de métiers présentés dépassait la centaine alors même que les pièces les plus volumineuses ne pouvaient ni intégrer le musée ni trouver un local d'accueil à l'instar de ce rarissime atelier de tourneur du début du XIXe.
Il fallut donc se résigner à évacuer définitivement les métiers pour laisser place, un temps durant, aux commerces : épicier, débitant de tabac, quincaillier, grainetier, boucher, boulanger, tailleur, chapelier, mercier, coiffeur, barbier, médecin, dentiste, etc.
A leur tour, ces échoppes ou "cabinets " disparurent en grande partie pour faire place aux objets qui nécessitaient d'être préservés des intempéries, c'est-à-dire les costumes et, de manière générale, ce qui concerne les traditions populaires.
On en arrive donc à la situation actuelle où le Musée de Saint-Didier constitue seulement un dépôt des objets les moins volumineux qui ne saurait, en dépit de sa profusion, rendre compte de l'ensemble des collections. Pour remédier à cette difficulté, les responsables du musée avaient organisé des expositions permanentes décentralisées (dans trois sites d'exposition : Saint-Didier, La Séauve-sur-Semène et Saint-Romain-Lachalm) dont rendait compte un dépliant réalisé à la fin des années 1980.
Dans le même temps et avec des fortunes diverses, d'autres antennes du musée furent successivement ouvertes à Firminy (Loire), Le Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), Saint-Front (Haute-Loire), Monistrol Haute-Loire), Bidon (Ardèche), etc.

Etat actuel des collections

Actuellement les collections comportent plus de 7000 objets. Toutefois, le seul critère" quantitatif " n'est pas suffisamment significatif puisqu'en 1985 on recensait quelque 20 000 objets alors que ces vingt dernières années, plusieurs milliers d'objets sont venus enrichir les collections. Ce déficit est lié à une sélection draconienne qui a conduit Georges Dubouchet a supprimé l'écrasante majorité d'objets dont l'identité et le lieu de collecte n'étaient pas précisément connus ainsi que la plupart des pièces trop communes ou trop récentes.
                En effet, les collections du Musée de Saint-Didier ont l'insigne intérêt d'avoir été, pour la plupart, recueillies " in situ ", au prix de millions de kilomètres effectués par Georges Dubouchet dans les routes et les chemins conduisant aux fermes les plus isolées du Massif Central. Dès lors, on conçoit la perte que représenterait la dispersion de telles collections.
                En outre, le fondateur du musée n'a cessé d'affiner sa conception de l'objet. Lorsque Nicole de Reyniès a visité le Musée de Saint-Didier, celui-ci précise Georges Dubouchet était dans l'enfance et si l'auteur du remarquable Mobilier domestique a photographié, au début des années quatre-vingt, quarante objets c'est 500 ou 600 qu'elle ferait photographier aujourd'hui car nul autre établissement n'incarne mieux que celui de Saint-Didier, à partir d'exemples concrets et vivants, la conception de l'objet pré-industriel.


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